LE TEMPS DU TRAVAIL DU VERRE
La première verrerie d’Anor (site de la vieille verrerie) est fondée en 1675 par Antoine Goulart. Elle devient ensuite la propriété des Hennezel, puis finalement des Despret qui ferment l’établissement vers avril 1815. Le 25 mai 1868, Alphonse Poulet, de La Flamengrie (Aisne), obtient l’autorisation officielle d’ouverture de sa verrerie en bouteilles champenoises, aux abords occidentaux de la gare ; lieudit connu aujourd’hui des Anoriens sous le nom de Verrerie Blanche.
Alphonse Poulet meurt en 1874 et l’usine est reprise par le maître de verreries en champenoises Clavon de Trélon. Puis tout s’arrête. Le site ne recouvre une vie industrielle qu’en 1898. Le 16 février, le commissaire spécial d’Anor annonce que dans les premiers jours du mois de mars, l’ancienne verrerie Poulet sera remise en marche par une société de fabrication de bouteilles de verre blanc pour pharmaciens, parfumeurs, etc. Comme celle-ci a une grande partie de sa clientèle en Belgique, elle va créer une industrie similaire à Momignies, à la frontière belge,
où elle a déjà acheté le terrain, pour éviter les droits d’entrée qui s’élèvent à 10 % sur les produits fabriqués.
M. Emile Meunier-Richard, ancien quincailler de Fourmies, et Edouard Evrard, maître potier à Anor, ont mis en activité leur société anonyme de la Verrerie Blanche d’Anor dont le capital n’est entièrement souscrit que le 23 juillet 1898. L’avenir est prometteur dès mars 1898, car il devient vite nécessaire de passer de 15.000 bouteilles/jour à 20-25.000 unités. Un deuxième four doit être mis à feu courant mai 1898. Toutefois Meunier et Evrard ne parviennent pas à installer leur succursale momignienne, pris de vitesse par Justin Gillet et ses associés qui établissement la verrerie de Momignies en 1898.
Puis le 23 juin 1902, la société anonyme de la Verrerie Blanche d’Anor est dissoute en raison de pertes financières. L’établissement est alors repris par (Arthur Jean) Octave Gordien, époux de Lise née Maufroid, lequel arrive de la verrerie du Garmouzet où il occupait vraisemblablement le poste de direction.
La famille Gordien dirigera la Verrerie Blanche d’Anor trente années durant, les fils prenant la succession de leur père le
1er janvier 1927 sous la raison SARL O. Gordien & fils. A la veille de la Première guerre mondiale, les 150 ouvriers assurent une production annuelle de onze à douze millions de flacons. Octave Gordien surveille la formation de son fils Gaston : études en école supérieure de commerce assorties
de séjours en Angleterre. L’établissement anorien n’a-t-il pas une importante clientèle anglaise ! Tout jeune père, Gaston est mobilisé en août 1914, puis fait prisonnier fin 1915 en Argonne. Il refuse de travailler pour le kaiser et se retrouve à Verdun, côté allemand. La Grande guerre terminée, il n’a plus qu’à revenir à Anor pour découvrir la désolation. En effet, le 8 novembre 1918, la verrerie familiale, reconvertie par les Allemands en magasins, a été entièrement la proie des flammes.
Les travaux de reconstitution poussés activement permettent une reprise de l’activité début 1920.
Le site est reconstruit à l’identique grâce aux dommages de guerre. L’établissement anorien fabrique des flacons Grossmith, Smith, Leith, Sydney, Tetley, Atknison, Ruddey, Bullett, Uten’s, Protect’or, Robert’s, Lavander (pour Yardley ?), Farina, Cloridia, etc, ainsi que leurs bouchons flettés (ébarbés), rôdés ou non, à moins qu’ils ne soient à vis. Et bien d’autres encore, comme le ramassage effectué sur place le 7 novembre 2008 a pu le démontrer.
La crise américaine de 1929, répercutée en France dès 1930, produit la fermeture de 1931. Vers 1933, la société est mise en liquidation. Octave Gordien n’aura pas eu l’occasion d’assister à la fin : il est mort le 24 septembre 1929, quelques mois après son épouse. Lors de l’invasion de 1940, peu de documents sont sauvés et la majorité enfermée dans le coffre-fort disparaît avec le pillage du bureau de l’usine. En 1941, le site industriel est vendu.
LE TEMPS DES AUTRES ACTIVITÉS
Quelques années plus tard, à partir de 1947, l’émaillerie Armand DESJARDIN s’installe sur le site. La production consistera en l’émaillage de casseroles, bouilloires et divers ustensiles de cuisine.
Cette activité d’émaillerie permet d’appliquer de l’émail au pistolet sur la tôle et au poudré sur la fonte.
L’émail, dans son état transparent et incolore, est un produit cristallin à base de silice, combiné dans des proportions variables à des composants alcalins, destinés à abaisser le point de fusion, et plombifères, destinés à rendre la matière plus ductile. La coloration est obtenue par adjonction d’oxydes métalliques (cuivre, fer manganèse, nickel, chrome, aluminium…) et l’opacification par adjonction d’étain.
Avant l’application de l’émail, les métaux étaient décapés et une fois l’émail appliqué les pièces étaient placées dans des fours à 850° pour le cuire.
Par ailleurs, l’émaillerie possédait aussi un atelier de tôlerie, avec activité d’assemblage de réfrigérateurs et de machines à laver. Ces appareils électroménagers étant commercialisés sous la marque ADA - Armand Desjardin Anor !
L’activité s’arrête alors en 1962 pour laisser place à l’installation de la société Sorema à partir de 1964 dont l’activité est la réparation de camions et d’automobiles mais qui ne durera de quelques années. Une activité de tôlerie y succèdera en 1970, puis une activité de stockage de meubles et activités d’import-export.
Dès 1980, c’est une activité de découpe de bois qui occupe les lieux pour en faire du petit bois d’allumage et qui sera d’ailleurs la dernière activité d’importance sur le site. Enfin 1986 marque l’arrêt définitif des activités et laisse une friche industrielle très dégradée.
Pour refermer cette page consacrée aux autres activités, nous ne pouvions passer sous silence l’activité de la Marbrerie RAGUET située à proximité immédiate du site de la Verrerie Blanche dont l’exploitation a durée plus d’une quarantaine d’année.
L’entreprise était spécialiste des monuments et chapelles funéraires et travaillait des marbres blancs, des granits de Belgique, de Normandie et des Vosges soit par sculpture d’art ou bien encore mécanique. Elle s’installe en 1901 rue Foch avant de s’établir définitivement sur le site de la Verrerie Blanche depuis le tout début des années 1920. Gaston RAGUET reprendra la succession de l’activité créée par son père Camille RAGUET et l’arrêt d’activité se fixe en 1974 d’après les éléments en notre possession.
LE TEMPS DE LA RECONVERSION ET DE LA REQUALIFICATION
Presque 20 années plus tard, la commune décide de s’attaquer à la dernière de ces friches après le traitement des 5 déjà traitées (Milourd, Flament, Tissage et la Galoperie
x 2 usine et parc) et ainsi achever ce long processus engagé au début des années 90 dans le cadre de son projet global de renouvellement urbain.
Elle signe le 13 septembre 2005 une convention opérationnelle avec l’Etablissement Public Foncier Nord Pas- de-Calais et lui confie la prise en charge des négociations, des acquisitions, du portage des bâtiments dont le coron de 10 logements occupés ainsi que du traitement des terrains d’une superficie de plus de 3,5 hectares.
Le 23 mai 2007, l’EPF signe avec les descendants de M. ROMBAUX, décédé quelques mois auparavant, l’acte authentique et les différentes étapes de ce vaste projet peuvent s’enchaîner :
• 2010 : Travaux de dépollution et de déconstruction de la friche industrielle par l’EPF.
• 2011 : Revente de l’ensemble du site à la Ville d’Anor pour près de 246.000 €.
• 2012 : Anor est double lauréat de 2 appels à projets celui du Département du Nord «Innovation sociale dans l’habitat pour le Nord» et celui lancé par les Espaces Naturels Régionaux «RENOUER - RENOuvellement Urbain et Ecologique des Espaces Ruraux». En juin, c’est le premier comité de pilotage avec l’ensemble des partenaires.
• 2013-2014 : Présentation du diagnostic et restitution de l’étude par l’équipe pluridisciplinaire du cabinet RED CAT, ateliers participatifs avec les habitants et élaboration du projet et des modalités de son montage et de son financement avec l’équipe technique : le Parc Naturel Régional de l’Avesnois, la Direction Départementale des Territoires et de la Mer d’Avesnes,
la SA d’HLM l’Avesnoise, l’Agence de Développement et d’Urbanisme de la Sambre grâce à la participation du Cabinet Divercités.
• 2015 : dépôt officiel du dossier de candidature à l’appel à projet Européen dans le cadre du Programme Opérationnel FEDER Axe 4 priorité d’investissement 6E « Accélérer la reconversion des sites en friche, des espaces délaissés ou dégradés, dans un objectif de renouvellement urbain ».
• 2016 : Sélection du dossier et de la candidature d’Anor en séance plénière. Le dossier de la Verrerie Blanche fait désormais partie du cercle très fermé des 10 dossiers retenus par la Grande Région des Hauts-de-France. Il constitue une opération exemplaire notamment au travers de sa gestion économe et équilibrée du foncier et par ses logiques ambitieuses et innovantes de développement urbain.
• 2017 : La ville d’Anor relève le défi en une année de boucler : les permis du construire et d’aménager, les appels d’offres des 2 maîtres d’œuvre - Cabinet InSitu pour la partie bâtie et Cabinets Ageci et Dientre pour la partie aménagement VRD et paysagers -, des 15 lots de travaux avec les entreprises attributaires des marchés pour déposer son dossier dans les temps le 30 juin 2017 afin d’obtenir la subvention FEDER d’1,9 million d’e par la région.
• 2018 : les ordres de service sont délivrés aux entreprises et constituent le démarrage effectif des travaux et dans le même temps la Ville signe la charte d’engagement EcoQuartier. Après la visite des experts sur le terrain, présentation du dossier en commission régionale à Lille, le dossier de requalification la Verrerie Blanche intitulé «Un quartier fier de son passé, mais tourné vers l’avenir» reçoit le label National EcoQuartier étape II au Ministère puis à l’Unesco, le 13 décembre - voir vidéo QR code.
• 2019 : signature du bail emphytéotique avec l’Avesnoise, dénomination des différents espaces et inauguration des travaux constituant la première phase du projet.